Roms: La presse étrangère juge la France !

Publié le par SB

Sélectionnés par Courrier International, voici comment les journalistes et éditorialistes du monde entier jugent l’actuelle politique sécuritaire du gouvernement français. La honte!

 

Trop d’amalgames douteux (John Lichfield, The Independant, Londres, CI du 19/08/2010)

« Est-ce une simple coïncidence si Nicolas Sarkozy s’en prend aux délinquants et aux étrangers alors que la crise économique et une affaire de financement politique ont récemment fait chuter sa côte de popularité à son niveau le plus bas ? [...] Deux incidents ont déclenché le durcissement de ton du président contre les délinquants, en particulier ceux d’origine étrangère. Au mois de juillet, des coups de feu ont été tirés contre les forces de l’ordre à Grenoble, après la mort d’un jeune d’origine maghrébine, abattu par la police pendant le braquage d’un casino. Quelques jours plus tard, des gitans de nationalité française ont commis des violences à Saint-Aignan, une bourgade du centre de la France, pour protester contre la mort d’un des leurs, tué par un gendarme à un barrage routier. [...] Dans les deux cas, le président Sarkozy a fait un lien entre délinquance et immigration, légale ou illégale. Un amalgame qui était au mieux délibéré, au pire malhonnête. [...] Racistes, les Français ? Non, mais ils se laissent regrettablement manipuler par des slogans et des formules aussi xénophobes que simplistes. »

 

La politique du scandale (Rudolf Balmer, Die Tageszeitung, Berlin, CI du 19/08/2010)

« Le président français a d’abord déclaré la guerre aux camps illégaux de Roms, avant de rappeler sa détermination à réprimer la délinquance et la criminalité dans les banlieues. [...] Le fait que cette position sans nuances encourage surtout la xénophobie semble être le cadet de ses soucis. Il ne fait aucune distinction entre les Roms, essentiellement venus de Roumanie, et les autres « gens du voyage », souvent français depuis plusieurs générations. »

 

Le principe d’égalité passé au Kärcher (The New York Times, CI du 19/08/2010)

« Des milliers de ressortissants de ces deux pays [la Roumanie et la Bulgarie] membres de l’Union Européenne, qui sont donc en France en toute légalité, risquent désormais de faire l’objet d’une descente de police et d’être expulsés. [...] S’en prendre aux immigrés peut procurer une certaine popularité auprès des électeurs non immigrés et Sarkozy n’a jamais hésité à y recourir. [...] Maintenant, avec sa popularité au plus bas et un Front national qui reprend du poil de la bête sous la houlette d’une direction rajeunie, Sarkozy s’engage dans une fuite en avant, suscitant l’inquiétude des conservateurs traditionnels qui croient encore aux droits de l’homme et à l’égalité de tous les citoyens français. Ils peuvent s’en préoccuper à juste titre, et le président a tort de faire fi de leurs conseils de prudence. »

 

Un président indigne (Saad Bou Okba, Al-Fadjr, Alger, CI du 19/08/2010)

« La France mérite mieux que ce président ! [...] La France, puissance internationale, a toujours brillé quand elle était présidée par des poids lourds, tels de Gaulle, qui disait non à l’OTAN, ou Mitterrand, architecte de l’Union européenne, qui disait que le nationalisme c’est la guerre. Un président poids plume tel que Sarkozy, en revanche, a brouillé la France avec elle-même, avec ses voisins européens, et même avec ses propres citoyens d’origine étrangère. »

  

Les miséreux ont toujours tort (Gabriel Giurgiu, Dilema Veche, Bucarest, CI du 19/08/2010)

« Les citoyens roumains (et donc européens) qui posent problème dans l’espace français (et donc européen) sont pauvres, sans éducation, avec très peu de chance de se trouver un emploi légal. Il faut donc beaucoup d’imagination et d’argent pour redresser la situation. Or les programmes français à destination des minorités défavorisées ne sont pas vraiment une réussite. Une preuve en est la régularité avec laquelle les automobiles flambent dans les banlieues françaises, zones peuplées de citoyens français d’origine maghrébine. La Roumanie n’a guère plus de succès. À ce titre, tenter de régler le problème au niveau communautaire semblerait justifié. Le malheur est qu’alors intervient une bataille d’image. Comment serait-il possible de reconnaître l’échec de l’administration (pour les Français) ou des politiques sociales nationales (pour les Roumains et les Bulgares) ? En outre, il est tellement plus tentant, en ces temps de grisaille budgétaire, de s’en prendre à l’étranger… Il est juste de dire que les Tsiganes – citoyens roumains vivant en France représentent une dépense supplémentaire pour le contribuable français (assistance sociale, médicale, frais de justice, places dans les prisons, affectation des policiers…), mais ce ne sont pas leurs campements de fortune qui ont provoqué le désarroi budgétaire dans lequel se trouve Paris. La France s’est retrouvée, à certains moments de son histoire, en mauvaise posture. Elle a été aidée par des pays plus riches et plus puissants. Il serait bienséant qu’elle retourne le geste. »

 

L’hypocrisie sans fin de Paris et de Bruxelles (Svetoslav Terziev, Sega, Sofia, CI du 26/08/2010)

« [...] Bref, tout est prêt pour qu’ait lieu en Europe la première et la plus massive déportation officielle de Roms depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Parce qu’il s’agit de milliers de personnes. Avec quel résultat ? Les Roms roumains et bulgares vont rentrer chez eux et, après avoir passé un peu de temps avec leurs proches, ils remettront les gaz à destination de la France. Pourquoi ? Parce qu’ils connaissent déjà le chemin et qu’ils sont certains d’y trouver de meilleures conditions de vie que dans les deux pays les plus pauvres de l’Union européenne. [...] Les insinuations accusant la Bulgarie et la Roumanie de pratiquer la ségrégation et d’avoir ainsi poussé les Roms à partir sont indignes, car ces deux états, historiquement parlant, leur ont plutôt servi de refuge face à l’hostilité générale du reste de l’Europe. La Bulgarie et la Roumanie ne peuvent pas non plus être accusées de faire exprès d’être pauvres pour mieux se débarrasser de leur population rom. L’Europe ne trouvera pas une solution à ce problème par l’hypocrisie. [...] Visiblement, on cherche une solution policière à la question que posent les Roms en les expulsant vers des pays ghettos qui n’ont, de surcroît, aucun droit ni moyen de les retenir chez eux. Le protocole n°4 à la Convention européenne des droits de l’homme et les conventions européennes sur la liberté de circulation stipulent clairement que chaque citoyen de l’UE a le droit de quitter son pays et de voyager librement sur le sol européen. »

 

Des boucs émissaires idéaux (Dominika Cosic, Wprost, Varsovie, CI du 26/08/2010)

« [...] La brutalité des mesures prises à leur encontre n’est-elle pas disproportionnée ? La réponse est évidemment oui et, si l’on peut impunément employer la force contre les Tsiganes et les Africains, c’est que personne ne prend leur défense. D’autant qu’ils ne sont pas particulièrement dangereux : ils ne posent pas de bombes et n’ont pas de revendications autonomistes. Voilà pourquoi les Tsiganes sont des boucs émissaires universels. »

 

Le déni de soi (El pais, Madrid, CI du 26/08/2010)

« Un leader aussi soucieux de son image que Nicolas Sarkozy ne décide pas l’expulsion de Roumains d’origine tsigane sans en mesurer les conséquences. Il a en fait calculé qu’une telle mesure redonnerait des couleurs à sa popularité en berne. Se laissant entraîner par un populisme grandissant en Europe, Sarkozy adopte certains de ses arguments et initiatives sous prétexte de le combattre. Il se pose ainsi en exécuteur implacable de la loi, non pas tant pour la faire respecter que pour faire converger les regards sur lui et sur sa prétendue détermination politique. Sarkozy en vient à expulser des citoyens européens de nationalité roumaine dont l’origine ethnique ne devrait pas entrer en ligne de compte, en vertu des principes défendus par l’Union européenne et par la République française elle-même. En justifiant cette mesure par l’appartenance ethnique des intéressés, Sarkozy et son gouvernement foulent aux pieds une tradition dont la France peut s’enorgueillir et qu’elle a en outre contribué à diffuser en Europe et dans le reste du monde ».

 

La fin du vivre ensemble (Joëlle Meskens, Le Soir, Bruxelles, CI du 26/08/2010)

« Le virage ultrasécuritaire de Nicolas Sarkozy, avec la promesse de déchoir de la nationalité certains délinquants et la reconduction des Roms, a plongé le pays dans un climat délétère. Chaque jour, la surenchère ajoute à la gène. Quand le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, méprise les critiques d’ »une gauche milliardaire », on se pince. Toute cette séquence martiale, imaginée à la hâte après des faits divers, n’avait-elle pas précisément pour but de détourner l’attention du feuilleton Bettencourt et des révélations quasi quotidiennes sur les liaisons dangereuses de l’UMP avec la plus grande fortune de France ? L’Élysée joue aux apprentis sorciers et les dégâts sont déjà immenses. »

 

La France a oublié le B.A.-BA du civisme (Adriano Sofri, La Repubblica, Rome, CI du 26/08/2010)

« Les déclarations de Nicolas Sarkozy et celles de Roberto Maroni, ministre de l’Intérieur italien – « nous serons plus durs que les Français » – sont, à leur façon, des programmes éducatifs. Ils veulent inculquer aux citoyens et à leurs enfants la dérision de la fraternité universelle. Il s’agit là d’une véritable pédagogie du dédain et du mépris. »

 

Racisme et violence d’Etat (Ethel Brooks, The Guardian, Londres, CI du 26/08/2010)

« Les attaques du gouvernement Sarkozy contre les Roms ne révèlent rien d’autre qu’une politique cynique, un racisme d’Etat et une xénophobie ciblant les Tsiganes, et plus généralement les immigrés. Ces attaques ont été commises alors même que le jeune homme abattu par la gendarmerie était de nationalité française et que les expulsés étaient des ressortissants de pays membres de l’Union européenne, qui ont le droit d’entrer en France sans visa et d’y rester s’ils trouvent un emploi dans les trois mois qui suivent leur arrivée. [...] Je suis choquée que la communauté internationale n’ai pas davantage réagi, en paroles comme en actes, contre cette persécution d’Etat. Quand les Etats-nations seront-ils tenus de rendre des comptes de leur politique vis-à-vis des Roms ? Jusqu’à quand devrons-nous être témoins de ce qu’il faut bien appeler une violence protofasciste contre les Roms sans que les responsables soient poursuivis ? »

 

Source: http://LaTéléLibre.fr

Publié dans actualité nationale

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